The new kind of reckoning
070413
Traduction de Shad1996 (merci !) :
Incroyable la qualité de ce que vous avez envoyé. Jetez un œil sur le nouveau contenu du site – et plus loin que ça, les gens commencent à proposer des plateformes avec un vrai potentiel. Du DJ sur les campus aux employés dans l’édition jusqu’aux gens ayant des connexions aux réseaux les plus importants et à la publication. On dirait que quelque chose de réel commence. (Je ferai parvenir les premiers liens bientôt, continuez s’il vous plaît à en envoyer. Chaque voix nous aide ici bas.)
Actu locale – quelques artistes très importants de Los Angeles sont en train de faire la différence dans des lieux on ne peut plus publics. Jetez un œil à l’œuvre près de Melrose et Ogden à Los Angeles. Si vous vous demandez où va ce pays (et le monde), allez voir leur travail. Ça vous rappellera pourquoi vous devez être inquiets : mais peut-être aussi vous donner un peu de corps au combat.
Dernièrement, quelques-uns d’entre nous ont proposé d’organiser une réunion ici à L.A. Si vous êtes intéressés, pointez-vous au spot de Melrose à 19h ou peu après, ce vendredi soir (13 avril). Portez quelque chose qui montre que vous êtes des nôtres. Placez vous sous le gros cochon et traversez la rue jusqu’au van en suivant la direction du pistolet. Frappez deux fois. Quand vous aurez eu les trucs, partez vite. N’attirez pas l’attention. Ne soyez pas suivi.
Voilà pour aujourd’hui. Parfois l’espoir semble dur à atteindre. Ce que vous faites rend l’espoir un peu plus facile à trouver pour moi.
Neil
Dès réception de ce mail, vous vous doutez bien que les membres d’ETS habitant LA sont allés faire un tour sur Melrose. Et voici ce qu’ils ont découvert :
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
Une nouvelle fresque. Qui déchire autant, si ce n’est plus, que celle de Londres… Et pourquoi faut-il toujours que ça soit des anglophones qui bénéficient de ce genre de traitement ? Hein ?
Et bien sûr, vous le savez, de cette fresque découle un nouveau site, dont l’adresse est visible sur ce détail :
One country at a time… (Un pays à la fois) : http://onecountryatatime.net/
À première vue, il n’y a pas grand-chose sur cette page… Mais cliquez sur le lien, vous verrez… c’est génial.
Vous arrivez sur cette page :
Je suis artiste de rue. J’ai reçu ces planches par courrier, de la part d’un GI en Syrie. Au début j’ai pensé que c’était de quelqu’un qui connaissait mes travaux.
J’avais tort.
En cliquant sur la Présence, vous arriverez là :
Case 1
L’histoire que vous devez connaître commence en Syrie le 2 février 0000
« Merde, ma famille était de Detroit, quelle autre alternative j’avais ? »
« Je me suis fait chopper pour vol à l’étalage. »
« Le seul moyen d’aller à l’université. »
Case 2
« J’aimais bien leurs spots de pub »
« Ouais pendant les matchs de foot! »
« Des épées, des bombes, des aventures, tout ça. »
Case 3
« T’es un putain d’idiot Blip. »
« Et pour toi Monterey? »
Case 4
« Hey, je ressemble à un putain d’arabe non? »
« Bougnoule! »
« J’ai pensé que les gens me traiteraient comme une Américain si je portais l’uniforme! »
Case 5
« Et vous Capitaine? »
En cliquant sur le visage du soldat de la dernière case, vous arriverez là :
Les flics ont failli m’attraper la nuit dernière.
Nous faisions des silhouettes pas loin du Fort de San Houston, je n’avais pas pensé à cet endroit depuis des années et puis on était la à quatre pattes à ramper dans ce conduit d’égout, sous une des rues, et je me suis rendu compte…
C’est là que j’ai baisé pour la première fois, Jeni Rica qui sentait la sueur et la cannelle, moi tout excité et puis après elle qui prétendait que ça ne lui avait pas fait mal, et moi je pensais putain ça n’aurait pas dû se passer comme ça.
Nuit bizarre. L’étrange mais familier écoulement qui entrait et sortait. J’avais oublié le bruit des hélicoptères au dessus de nos têtes, comme un ventilateur au plafond, j’aimais m’endormir avec.
Sinon, des gars avec des stickers et des gars avec de la peinture, et moi avec mes craies, une sentinelle et des sirènes, nous qui nous enfoncions dans les abîmes, comme bien des cafards, le pic d’adrénaline, c’est ça, nous sommes des cafards, nous sommes tels un rhume, trous du cul, vous ne pouvez pas tous nous stopper.
Après ça les autres voulaient aller boire un coup, et Mary me regardait avec Ce Regard (c’est comme si maintenant on ne le faisait plus qu’après les Opérations Art).
Mais d’un côté j’avais pas envie, pas envie d’être avec ces mecs. Les manifestants. Ma mère est comptable/enseignante/bibliothécaire et mon père est musicien/avocat/pasteur.
Ils n’ont jamais vécu à Fort Sum (ou à Bragg ou même Bliss, ou bien choisissez l’enfer que vous préférez), ne sont jamais allés à l’école de la base, n’ont jamais vu quelqu’un se faire sortir de classe parce qu’ils ont reçu La Lettre, rentrer à la maison le visage blême et les yeux bouffis, parce que plus tôt on a fait notre part du travail, et vous ne les laissez jamais voir que vous pleurez, même quand ils mettent le drapeau sur le cercueil et tirent des coups de feu, parce que ça voudrait dire qu’on abandonne, ça voudrait dire qu’ils ont gagné.
Il y avait un email de la part d’un soldat en Syrie qui m’attendait quand je suis rentré à maison.
À l’avant-dernière ligne, le mot « Syria » vous amènera à cette page :
Case 1
« Oh, sur ce coup là, pareil que Blip. J’avais aimé les spots, je suis allé en Irak. Quand je suis rentré, et que j’ai retrouvé ma femme et mes enfants, je me suis dit que jamais je n’y retournerai. »
Case 2
« Comme moi, mec »
« J’ai trouvé un boulot chez un concessionnaire automobile. J’ai repeint l’appartement. Je lisais les aventures de Wolverine à mes enfants avant qu’ils aillent se coucher. Le truc c’est que je n’étais pas doué pour ça »
« Pour quoi? »
« Être .. normal, je pense, comme si n’importe où hors de Basara j’oubliais comment faire. »
Case 3
« Tu te disputes sans cesse avec ta femme … »
« Tu vois un gosse pointer, genre, un pistolet à eau .. »
« Ouais, ouais. »
Case 4
« Là ma femme est dans la chambre, en train de dire qu’elle veut divorcer. Les enfants regardent la cérémonie des Oscar, et là BOOM. »
« C’était une invitation. »
« Ouais… Au moins c’était une excuse. »
L’œil droit du soldat dans la première image vous enverra là :
Case 2
Le lendemain nous avons dû nettoyer un nid de roquettes dans un autre village paumé.
« Ne t’inquiète pas, c’est bon. »
Case 3
« Nous sommes là pour aider. »
Case 4
Une fois j’ai demandé au Capitaine s’il croyait toujours au Seigneur. En ce que nous faisions ici.
Case 5
« J’essaie » a-t-il répondu.
La jambe qui se trouve sous la bulle de la case centrale amène à cette page :
Cette fille Syrienne aurait eu 11 ou 12 ans.
Quand elle avait 14 ans, ma petite sœur Angie a été enlevée, violée et assassinée par un ancien commando marine des forces spéciales qui avait été déchargé de ses fonctions aprés l’opération Tempête du Désert. Après ça il s’est rendu à la police et a été pendu. Ma mère n’a pas voulu regarder la transmission télé, mais moi je l’ai fait. J’espérais que ça aurait arrangé quelque chose.
En cliquant sur la photo de la jeune fille, vous verrez cette page :
Case 1
« Putain de merde. »
Case 2
« Sainte Marie mère de Dieu. »
Case 3
Cinq minutes plus tard ça avait disparu. Et encore cinq minutes plus tard, nous nous sommes rappelé que nous étions soldats.
Case 4
« J’espère qu’il lui demande où on peut trouver de l’eau dans ce trou. »
« Hey Monterey ! Dis lui que j’ai pas tiré de coup depuis longtemps, pour de vrai dollars américains ! »
Case 5
« Bon Dieu Blip, elle doit avoir 12ans ! »
« Pas de brûlures aux genoux ! »
Pour accéder à la page suivante, cliquez sur le patch sur le bras du soldat qui dit « Dear Mother of God » dans la deuxième case :
Case 1
« Le parent le plus proche est un oncle qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres d’ici, à Tadmur. »
« Ok, si nous partons à l’aube on sera rentrés pour la tombée de la nuit. »
Case 3
« Avec tout mon respect Capitaine, ce pays est bourré de snipers ! Personne ne veut se faire trouer le cul parce que vous avez soudainement eu l’envie d’être un bon samaritain, Capitaine. »
« Si nous l’amenons à Tadmur, il y a des grande chances qu’elle se fasse tuer pour complicité. »
Case 4
« J’ai écouté la radio il y a quelques jours. La Station La Voix de l’Amérique. Vous savez ce qu’ils disaient ? Apparemment nous sommes venus en Syrie pour rendre la vie de ce peuple meilleure. »
Case 5
« Nous irons à Tadmur demain matin. »
En cliquant sous le patch bizarroïde, sous celui du drapeau américain, du soldat qui dit « Due respect… » dans la troisième case, vous verrez cette page :
Case 1
Il était le Capitaine, mais ça ne voulait pas forcément dire qu’on devait apprécier ça.
Case 2
100 kilomètres aller-retour dans un territoire hostile.
Case 3
Mines terrestres, roquettes, scorpions.
Case 4
Et des snipers, de longues armes à feu derrière chaque foutu rocher.
Case 5
« Tout ça pour un bout de chatte syrienne de 12ans » a dit Blip. « Putain. »
Case 6
Personne d’autre n’aurait osé le dire, mais tout le monde le pensait.
Les pilules dans la main du soldat de la quatrième case vous amènera là :
Case 1
Ils ont eu Gomez quand il s’est arrêté pour pisser un coup, mais il a marché sur une mine.
Case 2
Un médecin aurait peut-être pu le sauver…. Mais c’était Gomez le médecin.
Le casque du médecin vous renverra vers cette page :
La première chose que j’ai apprise à dessiner, c’est les corps. J’ai entendu quelque part que Leonard de Vinci achetait des corps pour les découper et voir comment le corps humain était fait. J’ai volé un vieil exemplaire de l’Anatomie de Grey à la bibliothèque de l’école et je l’ai caché sous mon lit.
Je voulais dessiner comme d’autres voulaient devenir joueurs de football. Je voulais être un loubard. Je voulais que les filles pensent que j’étais cool, d’humeur changeante et profond. Je dessinais des filles avec qui je voulais coucher, espérant qu’elles le remarquent, et en fait, ça marchait de temps en temps.
De temps en temps, j’aurais aimé être plus dégueulasse pour pouvoir les baiser et ne plus y penser après mais il s’avère que la vie, ça n’est pas ça. Même Cammy, la dure à cuire qui se teignait les cheveux en noir et n’arrêtait pas de se faire coller, on était dans sa chambre à la cave, ses parents au-dessus en train de fixer la télé, elle a baissé sa culotte et m’a regardé un peu honteuse, en rougissant
et je me suis dit « J’ai l’âge de mon père quand il a mis ma mère enceinte »
En cliquant sur le dessin de la jeune fille, vous arriverez là :
Case 1
« Dieu tout puissant. »
« Putain de Dieu. »
Ça vous donne envie de vous aplatir, de ramper. Ça vous donne envie de creuser un trou dans le sable et de vous cacher dedans.
Case 2
Nous avons stoppé les camions, même Blip a fermé sa gueule, comme si au moindre son il nous REMARQUERAIT, et ça serait la putain de FIN.
Case 3
Le désert entier retient son souffle. Il attend.
En cliquant sur le flash sous le mot « Krak » de la troisième case, on arrive là :
Case 1
« Sniper ! »
« À terre! Baissez-vous !!! »
Case 3
Il y a un seul problème avec l’utilisation d’un viseur.
Quand un rayon de soleil l’atteint, il y a un flash.
Ce n’est pas grande chose…
Case 4
Mais un bon sniper n’a pas besoin de grand chose.
En cliquant sur le reflet lumineux dans le viseur, vous pourrez voir cette page :
Case 2
« Médecin !!! »
Case 4
« Bordel de Dieu. »
Case 5
« C’est ça que tu voulais ? »
C’est la main droite du soldat dans la dernière case qui nous amène à cette page-là :
Case 1
« Capitaine ! »
« Ferme-la putain ! »
Case 2
« C’était comme ça que ça devait se passer ? »
Je ne dis pas que ce qui s’est passé ensuite était juste.
Case 3
« T’es content maintenant ? »
Mais il y avait déjà deux hommes morts par sa faute.
Case 4
« Réponds-moi, fils de pute ! »
Et là il était en train d’engueuler ce truc.
Case 5
« Capitaine ! »
Comme s’il voulait faire s’abattre la foudre sur nous tous.
C’est en cliquant sur la petite fille de la seconde case qu’on arrive là :
Case 1
« Réponds-moi ! »
Case 3
« Capitaine ! »
Case 4
« Il y avait sûrement un autre sniper ! »
Cliquez sur le soldat près du Hummer dans la troisième case pour voir cette page :
Le dernier jour avant de nous quitter, mon père nous a amenés à Corpus Christi pour un peu de détente. Il était allongé, le visage dans le sable teinté d’huile, pendant que nous criions, sautions dans les vagues et nous amusions avec une pieuvre morte qui se trouvait là. Je me souviens encore de lui, allongé là, à s’amuser avec les vagues autour de ses pieds. Ça semble impossible que je ne sache pas ce qui allait arriver.
Une fois que le bronzage était suffisant et que nous n’en pouvions plus des glaces, on est retournés dans notre chambre à l’Holiday Inn et maman et papa nous ont appris la nouvelle.
Il nous a dit combien il nous aimait mais que le pays avait besoin de lui. Je savais qu’il n’aimait juste plus vivre avec nous mais j’espère qu’Angie était assez petite pour gober ça.
Il est venu trois fois nous rendre visite. La dernière fois remonte quelques mois avant qu’Angie soit tuée. J’avais quinze ans et je refusais de quitter ma chambre pour le voir. Ma mère a essayé de m’y forcer. Elle m’a dit qu’il allait bientôt être envoyé en mission et que je devrais être gentil mais putain je le haïssais, lui et tout ce qu’il représentait, je ne voulais pas lui répondre, même quand il me parlait à travers la porte.
Angie, elle, lui parlait. Elle lui a donné la croix qu’elle avait remportée en récompense de son passage en sixième.
Elle a toujours été un peu cul cul.
La croix que tient la petite fille vous amènera là :
Case 2
« Mais, ça ressemble plus à une plaie d’entrée que de sortie. »
Case 3
Je suis désolé.
Case 4
Mais je me suis dit que tu avais le droit de savoir.
C’est la même croix qui nous amènera à cette page :
La lettre officielle que j’ai reçue de l’Armée disait que mon père avait été tué par un tir allié.
J’ai passé les dernières années à faire des campagnes d’art de rue contre la campagne syrienne. Je pensais que c’était pour faire chier mon père. C’était peut-être pour le ramener à la maison. Je ne sais plus…
Les gars avec qui je suis allé à l’école sont à l’armée maintenant. D’autres, comme moi, se sont engagés dans un autre genre d’armée. On se bat avec de la craie et des bombes de peinture, c’était sans danger, mais ces dernières années, les choses ont empiré. Un graffeur avec qui je traînais a été choppé le mois dernier et a été envoyé à l’EFDC de Guam.
Ma mère s’est mise avec un nouvel évangélique. Il m’appelle toutes les deux semaines pour me dire qu’elle boit beaucoup et qu’elle m’écouterait peut-être si je lui disais d’arrêter. Il est très sérieux. Il ne comprend que, parfois, les gens sont cassés et qu’on ne peut plus les réparer.
Le mec qui a tué Angie, la dernière chose qu’il a dite avant que la trappe s’ouvre, il a regardé la caméra, il m’a regardé, et a dit « Je suis tellement désolé ».
Mon père n’était pas une mauvaise personne, mais il a probablement tué des gens en Syrie et en Irak. Peut-être beaucoup.
La dernière chose que je lui ai dite était que je le détestais et que je ne voulais plus jamais le voir.
Tir allié.
En cliquant sur « I’m so sorry » dans le cinquième paragraphe, vous arrivez à la dernière page :
Pendant ce temps-là, partout dans le monde ce soir, les troupes américaines répandent la démocratie avec des tanks, des balles, des avions, des armes. Ces derniers jours, je me demande si les généraux, les chefs exécutifs et le Président dans son bunker regardent leur télé et voient qu’une putain de main géante nous tombe tous dessus, les innocents comme les coupables, les Chrétiens comme les Musulmans, les blancs comme les noirs. Et je me demande si, comme moi, ils sentent que quelque chose d’autre vient d’arriver, avec son arsenal de destinée manifeste prêt et chargé, configuré pour amener un nouveau genre de règlement de comptes.
Voilà, c’est terminé, vous savez tout… Parce que oui, en cliquant sur la Présence, vous serez redirigé vers la première page.
Vous aurez donc compris que le Capitaine tué par la Présence est le père du narrateur. Superbe manière de voir son père mourir…
Pour ceux d’entre vous qui voudraient imprimer la BD (en anglais), voici un PDF.
Mais je vous conseille d’attendre un peu… xcuntx et moi sommes en train de mettre en forme la BD en français 😉
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