« Si enfin les langues venaient à se délier, si on osait se parler un peu plus qu’à moitié, je saurais qui tu suis, tu saurais qui je hais, ce qui nous attire, nous repousse et nous plait. Fascinés par le sexe, le business et la mort, ça nous brûle en dedans mais on en demande encore.
Images de porno star et d’accident de voiture, c’est plus chaud que les enfants qui mangent dans les ordures.
Y a pas de raison qu’on change les choses qui nous dérangent, on s’habituera en causant de ce qui nous touche pas. On préfère s’étourdir pour pas perdre le sourire, tant que personne viendra mettre les deux pieds dans le plat.
On va pas s’interdire le droit de s’attendrir de ce qui nous fait vibrer mais pas trop réfléchir. C’est mignon quand c’est petit, faudrait pas que ça grandisse.
Mais on oublie les vieux qui pourrissent dans la pisse. Aborde pas les sujets qui fâchent ! Dis pas les mots qui blessent, on préfère pas savoir ce qui nourrit nos faiblesses. À regarder le monde à travers nos nombrils, la vision est étroite, la critique est facile.
Je ne vois rien, j’n’entends rien, je dis rien,
j’entends rien, je ne dis rien, je ne vois rien,
je ne dis rien, je n’y vois rien, j’n’entends rien.
Arriverons-nous à nous comprendre ? Il y a tant de différences entre ce que j’entends, ce que tu dis et ce que tu penses. De nos dialogues de sourds, saurons-nous un jour en sortir ? La vérité se meurt de nous savoir mentir. Reniez vos utopies et jouer les langues de putes, on peut même remplacer chaque mot par une insulte. C’est moins compliqué de dire du mal que de penser du bien, des raisons de détester l’humanité, y en a plein. Pour faire du bruit avec la bouche, c’est vrai qu’on est forts. C’est peut-être même le seul point sur lequel on est d’accord. Pour la communication, rappelez dans trois générations, peut-être alors qu’ils s’engueuleront au moins pour les bonnes raisons. »

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